FONCIA, Spindrift racing et Race for Water forment le tiercé gagnant de ce MOD70 European Tour 2012 dont le dénouement hitchcockien a eu lieu au petit matin. Retour sur ce finish et sur ce mois de course époustouflants.
Les 5 dernières minutes
La petite histoire retiendra que la victoire de ce premier MOD70 European Tour s’est décidée dans les 5 derniers milles du Golfe de Gênes. Peut-être même dans les 5 dernières minutes. La petite histoire retiendra que cette victoire s’est soldée par un différentiel de 2 points sur les 280 attribués tout au long de la course. Qu’elle s’est ardemment disputée entre deux équipages aussi méritants l’un que l’autre.
Au vainqueur, il fallait ce soupçon supplémentaire de réussite, d’efficacité. Une étincelle indicible que seuls les équipages, en leur sein, sont capables d’analyser. Les lauriers reviennent donc à FONCIA. Michel Desjoyeaux, Xavier Revil, Charles Caudrelier, Thierry Chabagny, Antoine Carraz, Manu Le Borgne, Alban Rossolin, Nicolas Texier et Julien Falxa ont été les artisans de cette réussite. Un succès logique au regard des statistiques…
Statistiques brutes et émotions fortes
Le team FONCIA comptabilise deux victoires dans les étapes de large (Kiel-Dublin et Around Portugal), une en City Race (Kiel) et a surtout fait preuve d’une régularité dans les hauteurs du classement, puisqu’en dehors d’une 5e place dans les régates inshore de Cascais, l’équipage n’est jamais descendu du podium. Du coup, à l’exception d’un seul épisode (l’étape 2), ils ont toujours dominé le classement général. Pourtant, ils ont failli tout perdre ce matin dans les calmes italiens. Pendant trois heures, toutes les 15 minutes, ils sont passés alternativement du statut de vainqueurs à celui de vaincu, du bonheur à la prostration. Une risée les sauve in extremis de la catastrophe.
Spindrift racing, meilleur ennemi
Le secret de FONCIA : du travail avant-tout. De longues sessions d’entraînement dès la réception du bateau à Port La Forêt, et un équipage hors pair que Michel a commencé à construire dès l’année dernière sur le circuit de D35 et auquel il a adjoint les valeurs sûres que sont Charles Caudrelier, Thierry Chabagny (ses anciens concurrents sur le circuit Figaro) et Manu Le Borgne, son compagnon de victoire sur la Transat Jacques Vabre 2007. Ajoutez à cela toute l’expérience et le talent du skipper lui-même….
Face à ce concentré de compétences, l’équipe de Spindrift racing a rivalisé sans problème. Dès les premières heures de course à Kiel, Yann Guichard et ses hommes, récents vainqueurs de la Krys Ocean Race, se sont imposés comme de redoutables adversaires. Et au fil de la course, ils sont même devenus les seuls et uniques concurrents de FONCIA pour la victoire finale. Les seuls capables de leur donner des sueurs froides sous la lune Génoise. En terme de résultats purs, Spindrift racing comptabilise un nombre de victoires supérieur : deux au large (Dublin-Cascais et Marseille-Gênes), deux en City Races (Dublin et Marseille), des podiums sur 99% des courses. Finalement, c’est leur 3e place dans Round Portugal (deux rangs derrière FONCIA), qui les plombera en terme de points. Ce qui fera dire à Yann Guichard à l’arrivée : « Ce n’est pas seulement FONCIA qui a gagné, c’est aussi nous qui avons perdu ».
Un fauteuil pour trois
En dehors du duel de 30 jours entre le bateau noir et le bateau blanc, ce MOD70 European Tour s’est achevé sur un beau match à trois pour la médaille de bronze. En lice : Musandam-Oman Sail, magnifique vainqueur de l’étape Cascais-Marseille, Race for Water, régulier au large, et Groupe Edmond de Rothschild, en perte de vitesse après un bon démarrage. Là encore, il a fallu attendre les premiers rayons de soleil ce matin en baie de Gênes pour connaître le gagnant de ce ménage à trois. Stève Ravussin s’impose, avec son sourire et son flegme habituels, aidé par un équipage mixant navigateurs très expérimentés et jeunes régatiers.
Pour finir, la petite histoire retiendra que les 30 marins sont arrivés à Gênes épuisés de leur mois de course coque contre coque. Fourbus, ensommeillés, mais heureux de ces joutes endiablées sur des multicoques rapides et fiables. A l’unanimité, la petite histoire doit continuer de s’écrire, l’année prochaine, avec 7 bateaux sur l’eau…